Un talisman est un objet magique qui porterait des vertus occultes attirant des influences bénéfiques. L'art des talismans s'appelle la talismanie.
Pour certains auteurs, le talisman tient sa force des images qu'il porte, pour d'autres (Thomas d'Aquin, Marsile Ficin) de la matière dont il est fait. Albert le Grand, dans le De mineralibus justifie l'existence de talismans purement astrologiques. Sur cette lancée, le Speculum astronomiae (Le Miroir de l'astronomie), attribué à tort à Albert le Grand mais qui aurait peut-être pour auteur Richard de Fournival, a inventé la notion d’« image astrologique », talisman (imago) qui tire sa vertu uniquement des astres et qui ne doit donc rien aux démons, qui ne comporte aucune inscription, ni signe, ni rituel. Pour Thomas d'Aquin, les substances naturelles telles que les herbes et les pierres précieuses, peuvent avoir certains pouvoirs en liaison avec leurs affinités astrologiques, et il est légitime de s'en servir en médecine ; mais si des lettres ou caractères sont gravés sur les pierres ou des invocations et incantations utilisées avec les herbes, tout effet consécutif est l’œuvre de mauvais démons, et l’opérant a passé un pacte explicite ou tacite avec le Malin. Marsile Ficin fait une liste des sept choses qui peuvent attirer les influences célestes, d'après les planètes : Lune (pierres, métaux, etc.), Mercure (plantes, fruits, animaux), Vénus (poudres, vapeurs, odeurs), Soleil (mots, chants, sons), Mars (émotion, imagination), Jupiter (raison), enfin Saturne (contemplation intellectuelle, intuition divine)
Célèbre est le talisman de Catherine de Médicis (1519-1589), mariée à Henri II (1533), déjà mère de François II (1544-1560). Pierre Béhar pense avoir trouvé la clef (Les langues occultes de la Renaissance, Desjonquières, 1996, p. 63-89) : la médaille porte des signes qui n'apparaissent que dans le De la philosophie occulte de Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim (1533). Le talisman a été conçu, entre 1551 (naissance du futur Henri III) et 1554, et, selon Ivan Coulas, par Jean Fernel, premier médecin d'Henri II, et adepte de la philosophie occulte. L'avers montre un roi avec un aigle (Jupiter), et son signe (sorte de sablier, qui est un caractère géomantique de Jupiter) ; le roi fait face à une femme à tête d'oiseau et pieds d'aigle et tenant une flèche (Vénus), on lit Anael (nom de l'ange de Vénus, toujours chez Agrippa, III, 24) ; la fonction magique de cet avers est de favoriser l'amour entre Henri II et son épouse Catherine de Médicis. Le revers montre une image de Vénus tirée d'Agrippa (II, 42), avec son signe, la croix surmontée d'un cercle, et un nom, Haniel, nom de l'ange de Vénus (II, 22), et un autre nom, Asmodel, qui préside au signe du Taureau, et donc correspond à Vénus ; le thème est donc ici l'influence bénéfique de Jupiter (pouvoir, dynastie mâle) captée et conservée par Vénus. En hébreu, on lit des inscriptions sur l'avers, signifiant « Apparais-moi, ô Dieu » (Darag Ni El), « Donne-moi, je t'en conjure, la force » (Fara Na Heil)... ; sur le revers : « Accorde-moi tes vertus miraculeuses » (Hipes piliah), « De l’étrangère [femme étrangère] préserve mon époux » (Nechar Hofer Baal)...