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Les Runes

L’alphabet runique ou futhark — terme formé à partir du nom des six premières lettres de cet alphabet — était l’alphabet utilisé par d'anciens peuples de langue germanique, tels les germains (pour écrire le proto-germanique, ancêtre des langues germaniques), les Scandinaves (pour écrire le vieux norrois), les Frisons, les Anglo-Saxons, etc.

L'étymologie du mot rune est assez complexe. Il n'existe pas, apparemment, de racine indo-européenne de ce mot. On ne le trouve que dans les langues celtes et germaniques. En proto-celte tout d'abord, où *rūnā- > *rūno- signifie « secret, mystère, incantation », puis en proto-germanique où rūna signifie « mystère, secret » (rún / rúnar en vieux norrois).

 

Il existe plusieurs types d'alphabet runique qui ont évolué en fonction du temps mais aussi du peuple qui les employait. Les plus anciennes inscriptions se trouvent en Norvège méridionale et elles datent du IV siècle ap. J.-C. (Pierre de Kylver). Peut-être en existait-il de plus anciennes, mais elles n'ont pas survécu car elles avaient dû être gravées dans le bois, comme en attestent de nombreuses sagas. On le trouve chez les germains nordiques au IV siècle, mais seulement au VI siècle chez les autres Germains, y compris les Anglo-Saxons qui vont conserver après leur conversion à l'alphabet latin, l'usage d'un signe runique, à savoir Þ, þ (nommée þorn, thorn). Cependant, le nombre d'inscriptions relatives à ces peuples est très limité (plus d'une cinquantaine chez les Anglo-Saxons), alors que chez les Scandinaves elles se comptent par milliers. L'usage de cet alphabet a perduré en Suède jusqu'au XIXe siècle dans un endroit reculé de Dalécarlie, alors qu'au Danemark il n'est pas utilisé au-delà du XIVe siècle. Les spécialistes situent l'apogée de ce système d'écriture entre le IXe et le XIe siècle, à la fin de l'âge des Vikings. Il s'agit surtout d'inscriptions funéraires, notamment abondantes en Suède. En revanche l'Islande pourtant colonisée par les Vikings n'a pas connu l'expansion de l'écriture runique à laquelle on a assisté sur le continent, on y trouve une cinquantaine d'inscription tout au plus et elles sont tardives. Les sagas sont écrites en caractères latins et le Þ, þ y est un emprunt aux manuscrits vieil anglais. L'inscription la plus septentrionale est celle de Kingigtorsuak au Groenland et elle comporte des runes secrètes.

 

Le futhark fut créé par les locuteurs d'un dialecte germanique afin de transcrire leur langue par écrit. Bien que quelques érudits prétendent que les runes seraient entièrement issues de l’alphabet grec ou du latin, la plupart des experts considèrent que le futhark est un mélange aux origines diverses.

Seebold, Krause, Jensen, Coulmas et Stifter pensent que c’est d’un mélange d’alphabets alpins, surtout l’alphabet rhétique de Bolzano-Sanzeno, qu’est tiré le futhark dont seulement cinq runes n’ont pas d’équivalent rhétique. Les alphabets alpins seraient complémentés de lettres latines. Quelques lettres ont une origine latine évidente, par exemple les runes pour /f/ (ᚠ) et /r/ (ᚱ), d’autres qui rappellent — au moins au niveau du format — les alphabets alpins, par exemple la rune /h/ (ᚺ) avec correspondant rhétique, la rune /p/ (ᛈ) en face de l’alphabet carmunique et la rune /d/ (ᛞ) visiblement tirée du san lépontique (transcrit ś) de l’alphabet de Lugano. Il y a aussi des lettres qui peuvent être aussi bien rhétiques que latins, par exemple la rune /i/ (ᛁ). Bernal pense qu'il y avait aussi quelques substrats d'alphabet impliqués ; Miller prétend que les origines de l'alphabet runique sont le méditerranéen archaïque. Cependant, les deux omettent de motiver leurs postulats. Dans le même travail, Miller écrit aussi que les paramètres phonétiques sur lesquels l'alphabet runique est établi sont finalement clairement sémitiques et sont liés aux scénarios de Byblos et Ougarit (alphabet ougaritique) aussi bien que l’alphabet phénicien. Plusieurs scénarios runiques différents furent développés au cours du temps.

Les runes les plus anciennes qui nous sont parvenues seraient du IIe siècle. L'inscription considérée comme la plus ancienne est celle trouvée à Vimose au Danemark et qui daterait de 150 av. J.-C. Le mot Harja est gravé sur un peigne. Une possible inscription du Ier siècle est la fibule de Meldorf, qui peut être lue soit comme en écriture latine nidi, soit en latin ou runique irih, hiri, ou finalement en runique iwih, iþih ou hiþi. Il est généralement accepté qu’elles ne furent pas inventées avant l’an 1. Ces runes primitives jusqu’aux environs de l’an 650 semblent toutes utiliser le même futhark de 24 runes. La plupart de ces inscriptions sont très courtes et incompréhensibles, et dans presque tous les cas il est difficile de les traduire et d'être certain de leur langue précise. La plupart des runes préservées sont gravées sur pierre, cependant quelques fragments existent sur bois, sur écorce et sur os, et quelques-uns sur parchemin, le plus fameux étant le Codex Runicus. Ces inscriptions à la traduction incertaine voire impossible, sont la plupart du temps à caractère magique. Cela signifie que ces caractères runiques n’étaient peut-être pas ordonnés pour former des mots (dépendant d'un langage), mais que leur graveur utilisait alors leur sens magique, lequel ne dépend pas de la phonétique ou de la langue, mais est propre à chaque caractère. Dans le cas de telles formules runiques, le futhark perd son rôle de support du langage pour devenir le support des pratiques ésotériques propres aux cultures nordiques.

Il apparaît que les runes pourraient être beaucoup plus anciennes. La rune pour le son /æ/, comme dans sAd, n’était pas utilisée dans l’écriture, car à cette époque les langues germaniques n’avaient pas ce son. Néanmoins, dans chaque liste de caractères elle apparaît toujours. Cependant, dans le proto-germanique occidental /æ/ semble avoir existé comme un phonème complet. Rien ne permet de prouver que le futhark aurait subi l’influence latine ou grecque. Au contraire, il serait plus judicieux de les dater d'une époque très antérieure, puisque le système d’écriture « ancêtre » des runes, l’écriture dite d’Hallristinger, et présentant cette même forme rude et rectiligne, découverte dans la partie nord nord-ouest de l’Europe, daterait de la fin de la préhistoire. Le svastika y est très présent, on dénombre dans cette écriture jusqu’à cinq versions de ce symbole solaire.

 

Dans Rúnatal (Edda poétique), une section du poème Hávamál, la découverte des runes est attribuée à Odin. Ce dernier a été suspendu à l'Arbre du Monde, l'Yggdrasil, pendant qu'il était percé par sa propre lance, Gungnir, durant neuf jours et neuf nuits afin qu'il puisse acquérir la sagesse nécessaire à avoir la puissance dans les neuf mondes ainsi que la connaissance des choses cachées dont les runes.

 

L’alphabet original des runes nordiques, le futhark à 24 lettres ou vieux futhark, était organisé en trois groupes de 8 runes chacun, dénommés ættir (familles) : les ættir de *fehu, *Hagal et *Týr respectivement, la première rune de chaque groupe donnant son nom au groupe.

Les noms proto-germaniques des runes du vieux futhark sont : Fehu, Ūruz, Þurisaz, Ansuz, Raidō, Kaunan, Gebō, Wunjō, Hagalaz, Naudiz, Īsaz, Jēra, Eihwaz, Perþō, Algiz, Sōwilō, Tiwaz, Berkanan, Ehwaz, Mannaz, Laguz, Ingwaz, Dagaz et Ōthalan.

Voici les 24 runes originelles :

f fu uth,þ þa ar rk kg gw w
h hn ni ij jï,ei ïp pz zs s
t tb be em ml lŋ ŋd do o

La rune ayant valeur de u peut également avoir pour valeur phonétique v. Cette dernière valeur phonétique a été aussi attribuée à la 8e rune, dont la valeur phonétique la plus répandue reste cependant w. Ces divergences s'expliquent par la grande étendue géographique d’utilisation du système runique, qui englobait l’Islande, l’Angleterre, l’Écosse et plus particulièrement les actuelles Finlande, Suède, Norvège, Danemark, et Allemagne. Les prononciations fluctuaient alors avec la culture, différente d'une région à l'autre. Cette vaste répartition géographique des runes explique aussi les multiples noms que chacune d'elle porte selon la région dans laquelle on se trouve ; pour exemple la première rune, f, s’appelle autant Fehu, que Feoh, , ou Faihu.

Le th correspond à la prononciation anglaise sourde ([θ]). Le j est mouillé, comme dans « rouille » ([j]).

La raison de l’ordre particulier des runes, complètement différent de ceux des alphabets latin, étrusque ou grec, est aujourd’hui inconnue. On sait en revanche que cet ordre a été établi assez tôt et n’a subi depuis que des variations mineures et occasionnelles : les premières suites alphabétiques retrouvées (pierre de Kylver, début du Ve siècle) en font déjà état. Les diverses hypothèses soulevées pour expliquer cet ordre, généralement fondées sur des considérations religieuses et mystiques, sont loin de faire l’unanimité et ne reposent sur aucun fait concret.

 

Le futhark initial comprenant 24 runes plus une rune sans glyphe représentant « Odhinn » fut ultérieurement raccourci à 16 runes autour de l'an 800 et est généralement vu comme une adaptation servant à simplifier le travail de l'écrivain. La plupart des runes de Scandinavie sont postérieures à 800 et utilisent les 16 lettres :

f u þ ą r k
h n i a s
t b m l ʀ

Plus tard, les runes varièrent d'un pays à l'autre. L'éventail du futhark se réduisit à 16 ou 18 runes en Norvège et en Suède, où la vaste majorité des runes plus récentes sont trouvées. En Angleterre la futhark augmenta à environ 28 runes (plus quelques-unes utilisées seulement régionalement ou pour des noms propres étrangers).

Cela est la variante norvégienne / suédoise, aussi appelée rune brindille-courte. La variante danoise est très similaire. On peut lire un exemple de runes danoises dans l'inscription de la Grosse pierre de Jelling.

Futhark vicking 16.png
Le plus récent futhark nordique à 16 runes :

  • 1re ligne, la variante danoise aux brindilles normales
  • 2e ligne, la variante suédoise-norvégienne aux brindilles courtes.

Les autres futharks nordiques incluent une forme sans branche (probablement pour une sculpture plus rapide) et le futhark antique (lequel inclut des runes représentant l'alphabet latin complet).

Futhark Hälsingland 15.png
Variante de Hälsingland en Suède, sans brindille

Futhark médiéval 27.png
Variante médiévale, incluant l'alphabet latin

Les runes thorn (ᚦ) et wynn (ᚹ) ont été adoptées dans l'alphabet du vieil anglais (sous les formes þ et ƿ). Thorn est encore utilisé dans l’alphabet islandais.

Les runes semblent être tombées en désuétude autour de l’an mil, sauf en Scandinavie où elles continuèrent à être utilisées pendant quelques siècles. Les habitants des régions scandinaves les plus isolées continuèrent à utiliser les runes jusqu’à l’époque moderne.

 

Utilisation des runes

Les runes étaient ordinairement utilisées pour des inscriptions dans le bois, le métal, le cuir ou la pierre. Les runes consistaient principalement en des marques verticales et diagonales, avec moins de marques horizontales ou courbées (certaines versions de runes n'en ont aucune).

Le dessin des runes aidait à leur sculpture dans le bois. Les mots étaient écrits le long du grain du bois, signifiant que toutes les marques étaient coupées à travers le grain. Cela est dû au fait que des coupes le long du grain auraient provoqué des cassures dans le bois, ou se seraient refermées si le bois absorbait de l'humidité. Bien que les runes aient été utilisées pour des travaux d'écriture comme la Bible, elles l'étaient plus habituellement pour des inscriptions courtes plutôt que pour un texte complet.

Magie

Régis Boyer, grand spécialiste des peuples du Nord de l'Europe écrivait dans les Vikings :"Reste à évoquer l'agaçant problème de leur valeur prétendument magique par définition. [...] Mais je dis que ce sont là affabulations complaisantes, certainement imitées de modèles bibliques ou classiques. Je me range résolument à l'opinion de L. Musset, lui-même disciple sur ce point d'A. Baeksted. A savoir: les runes sont une écriture comme une autre, capables de convoyer des opérations magiques, mais certainement pas conçues dans ce sens. [...] Les inscriptions runiques s'appliquent à tous les domaines possibles de l'activité humaine."

Usage contemporain

 
table des cirth, l'alphabet runique inventé par J. R. R. Tolkien.

Les runes ont été utilisées, dans la littérature, pour créer un effet « d'authenticité » et aussi donner des indications « historiques » dans l'ouvrage. Voici l’exemple de cinq écrivains ayant utilisé les runes dans leurs ouvrages : J. R. R. Tolkien, Jules Verne, J. K. Rowling, Erik L'Homme et Rick Riordan.

Les runes furent abondamment utilisées par JRR Tolkien, notamment, dans Bilbo le Hobbit (pour la carte réalisée, lors des Aventures de Bilbo), et aussi Le Seigneur des anneaux, illustrant la tombe de Balin dans la Moria, et bénéficiant d'une explication détaillée dans les appendices du roman. JRR Tolkien utilise les runes, mais la langue utilisée est anglaise.

Concernant Jules Verne, l'utilisation des runes est aussi très présente, dans son ouvrage d'aventure Voyage au centre de la Terre : le point de départ de l'ouvrage se situe à Hambourg en Allemagne où la découverte d'un vieux manuscrit runique laisse échapper un message secret amenant à la découverte ultérieure de passages mystérieux en Islande. Jules Verne utilise aussi l'alphabet runique, mais dans ce cas la langue utilisée est le latin, dans l'ouvrage.

Que ce soit JRR Tolkien ou Jules Verne, l'alphabet des runes est identique, mais les langues sont différentes.

Hermione Granger, un des personnages principaux de la série de livres Harry Potter, étudie les runes à partir de sa troisième année à Poudlard ; il est seulement précisé que cette matière est difficile. Dans le septième tome, le professeur Dumbledore lègue à Hermione un exemplaire en runes des Contes de Beedle le barde, qui contient le « conte des Trois Frères » sur les reliques de la mort (qui donnent leur titre à ce tome) et aidera les protagonistes à reconstituer une partie de l'intrigue. Après avoir suivi pendant quatre ans le cours optionnel d'étude des runes, Hermione s'avère en effet capable de les déchiffrer et de les traduire, contrairement à Harry dont il est précisé qu'« il n'avait jamais appris à les lire ».

L'écrivain Erik L'homme emploie aussi les runes, appelées « graphèmes », dans sa trilogie Le Livre des étoiles et dans A comme Association en leur donnant des pouvoirs magiques.

La liste des auteurs utilisant les runes dans leurs ouvrages peut être très longue, on pourrait citer par exemple Christopher Paolini pour L'Héritage et toute l'équipe de production de la bande dessinée Thorgal et de Les Mondes de Thorgal.

Runes et nationalismes

En tant que symboles germaniques, les runes furent utilisées par les nazis. Quelques symboles comme Ōthalan sont utilisés sur les drapeaux néonazis à la place du svastika.

Runes et divination

 
Odin se sacrifiant lui-même sur l'if du monde, Yggdrasil, afin d'obtenir la sagesse et le secret des runes.

Odin trouva les runes après qu'il fut resté pendu durant neuf nuits initiatiques à l'arbre cosmique des Neuf Mondes, l'if Yggdrasil, transpercé par sa lance en un sacrifice à lui-même, le plus grand des dieux.

Tacite, dans son livre La Germanie, décrit un usage divinatoire des Germains : « Leur manière de tirer au sort est toujours la même. Ils coupent une branche de noisetier et la découpent en lamelles. Ils inscrivent un signe sur chaque lamelle et ils les lancent au hasard sur un linge blanc. Ensuite le célébrant officiel, s'il s'agit d'une consultation publique, ou le père de famille s'il s'agit d'une consultation privée, adresse une prière aux Divinités. En regardant en l'air il tire trois lamelles au hasard et il lit la signification de son tirage d'après les signes gravés sur ces lamelles. Si le résultat interdit l'action au sujet de laquelle le tirage a eu lieu, il n'en est plus question ce jour-là. Si cette action est autorisée, une confirmation par les auspices est requise ».

L'usage divinatoire des runes est contestée, aujourd'hui, par les grands runologues; Tacite, dans son ouvrage, ne précise pas la nature des signes et, de plus, cet ouvrage a été écrit avant l'invention des runes.

Codage informatique

La norme Unicode possède un bloc de caractères nommé Runique qui contient 81 caractères. Ce bloc existe depuis la version 3.0.0 d’Unicode de septembre 1999.

Un petit nombre de polices d’écriture supporte ces caractères, on trouve surtout des polices médiévistes comme Cardo, Junicode.