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LE SILENCE DE L'APPRENTI

13-12-2004

Auteur : D.M


Suivant le mémento du Premier Degré, «le silence d'Apprenti fait partie intégrante du rite».

Et en effet, mes FF? Apprentis, nous vous demanderons durant toute votre période d'apprentissage d'observer le silence en Loge et tous les FF? de l'Atelier pourront vous confirmer que cette règle est scrupuleusement respectée.

Ne considérez pas cela comme une humiliation ou un bizutage, il ne s'agit rien moins, ainsi que le précise toujours votre précieux mémento, que de «la première technique du travail maçonnique».

Cette façon de procéder n'est pas une innovation en matière initiatique; en effet, l'histoire nous apprend que Pythagore, (dont vous aurez maintes fois l'occasion d'entendre parler) avait créé une école initiatique à Cretone et qu'il exigeait déjà, 500 ans avant notre ère, le silence de la part des Apprentis. Petite précision, chez lui la durée dudit apprentissage était de sept ans minimum. Il ne fallait donc pas trop que les apprentis aient la langue qui les démange.

Il n'est pas dans mes propos ce soir de vous faire une planche philosophique sur le silence, en examinant tous ses aspects conceptuels, physiques et métaphysiques, positifs et négatifs, profanes et sacrés etc... Je n'évoquerai pas non plus le silence que vous devez observer sur la qualité maçonnique de vos FF?? obligation qui d'ailleurs nous concerne tous.

Ce que je tiens à examiner ce soir ce sont les modalités du silence qui vous est demandé en tant qu'Apprenti. En effet, de quel silence parlons-nous, lorsque l'on vous demande de faire silence et quels sont les buts recherchés. Questions plus riches qu'il n'y paraît et surtout éminemment utiles pour le travail du premier degré.

Précisons-le tout de go, dans une première approche, le silence qui vous est demandé concerne l'absence de toute prise de parole en Loge. C'est donc l'obligation de se taire, pour quoi faire? Pour découvrir le rituel, pour écouter les autres, pour s'écouter soi-même.

Ne vous y trompez pas, ce silence est souvent loin d'être confortable. Et vous risquez souvent d'avoir les nerfs mis à rude épreuve. Imaginez donc lors de vos prochaines tenues, vous allez peut-être:

- Au début écouter le rituel avec beaucoup d'attention, mais il risque, pourquoi pas, de vite vous endormir par sa répétitivité,
- entendre des planches sur lesquelles vous aimeriez intervenir pour poser des questions, compléter un développement ou vous porter en faux,
- avoir le sentiment que les questions et interventions sont incompréhensibles, sans intérêt, voire carrément stupides.

Et vous allez devoir subir tout cela sans mot dire.

Alors quel est le but? C'est, je l'ai dit celui de l'écoute attentive. Vous allez découvrir, si vous vous prêtez au jeu, beaucoup de choses dans le rituel, glaner nombre d'éléments dans les planches pour conduire votre propre réflexion. Rester silencieux est chose tout à fait normale, au début, penserez-vous, alors même que l'on ne connaît pas les usages maçonniques et que l'approche symbolique est malaisée.

Mais le mutisme que l'on exige de vous n'est pas que cela, il doit aussi vous permettre durant les tenues d'être présent, ici et maintenant, à l'écoute de vous-mêmes.

Vous allez devoir, et c'est le travail essentiel de l'Apprenti que le F? Sec? Surveillant aura en charge de suivre, étudier vos propres réactions, analyser comment les attitudes passionnées modifient votre vision des choses et votre comportement, en d'autres termes (maçonniques) connaître la pierre brute que vous êtes afin de pouvoir la dégrossir. Le silence contribue à cette descente en soi qui constitue le principal travail de l'Apprenti et que résume le perpendiculaire porté par votre F? Surveillant.

Le silence, qui plus est, va permettre d'affûter vos sens, d'être vigilant et vous avez vu ce mot dans le cabinet de réflexion associé d'ailleurs à celui de persévérance. Autant vous le dire tout de suite, ces deux qualités seront essentielles pour votre cheminement initiatique. De plus, ce que vous allez acquérir par le silence va vous transformer définitivement.

En effet, j' y insiste car cela est essentiel, le silence n'est pas endormissement ou figuration, mais de fait un véritable travail, ce n'est pas, loin s'en faut, le silence de la mort, c'est l'apprentissage du contrôle de soi, de la tolérance, de la fraternité.

Cette vigilance doit conduire à un autre silence, plus intime, le silence intérieur qui succède à la maîtrise des passions, des expressions non unifiées et troublantes qui sont les nôtres et qui ont fait assimiler l'homme à «un parlement» pour reprendre l'expression d'Alexandra David-Neel.

Rappelez-vous votre initiation, le premier voyage celui de l'air était accompagné d'un effroyable tintamarre qui diminuait au second voyage pour cesser totalement au dernier. Le Vénérable Maître précisait alors : «Récipiendaires, vous n'avez entendu aucun bruit. La signification de ce symbole est que si l'on persévère résolument dans la vertu, la vie devient calme et paisible». La sérénité ainsi acquise mène au discernement et à l'action juste et vertueuse.

Inévitablement, cette sérénité mène à la méditation et à la découverte de notre espace intérieur qui suscite lui-même le silence qui devient désormais celui de l'indicible, car nos découvertes, notre ressenti, ce qui constitue cette expérience de la profondeur ne peuvent en rien être décrit par des mots. Seul, peut-être, le symbole peut-il refléter ce vécu. A ce niveau, le silence sera aussi celui de la contemplation, il n'y a alors plus rien à dire.

Mais, vous le verrez plus complètement au fil des tenues, car l’atelier aussi sait faire silence. Ce silence auquel participent tous les FF? se rencontre dans la chaîne d'union.

Cette chaîne, connue de temps immémoriaux, réunit dans une intense communion silencieuse, transcendant l’espace et le temps, tous les Francs-Maçons. Elle relie dans le silence tous les FF? à la source de la Tradition. Ce silence correspond à l’union fraternelle au-delà des mots qui divisent, il aide à créer l’instant commun d'une fraternité totale, et en tirer énergie pour poursuivre hors du Temple l’œuvre idéale dont nous rêvons.

J’AI DIT