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Auteur : H.°. P.°.
Geste symbolique et rituel fort qui précède la clôture des travaux ou, avec un rituel un peu différent est un moment fort de la tenue funèbre, la chaîne d’union est pour moi un moment particulier dans la vie maçonnique.
Rassemblés en cercle autour du pavé mosaïque et du tableau de loge, les FF.°. dégantés, les pieds à l’équerre, forment ainsi par leurs bras entrecroisés une chaîne qui s’interrompt un instant pour laisser au F.°. Grand Expert la possibilité de prêter serment et enfin se désassemble au commandement du Vénérable Maître. C’est le seul moment où les FF.°. se défont de leurs deux gants dans une tenue habituelle. Cette remarque ouvre un champ symbolique étendu.
Les mains nues favorisent le contact entre les FF.°. qui constituent cette chaîne, le courant peut passer de l’un à l’autre sans obstacles, sans coupure : il s’agit bien évidemment de la fraternité comme fluide transmissible par le contact de peau à peau dans la chaleur des épidermes. Ainsi, se constitue un cercle énergétique qui s’origine et s’augmente en chacun des FF.°. pour former ce que l’on nomme « égrégore ». Ce mot d’origine grecque « égrégoros » signifie « veilleur » mais a été transformé par les occultistes et introduit en F.°. M.°. par O. WIRTH dans le sens de force réalisant la communion harmonieuse et positive d’une assemblée. Chacun de nous est libre de croire ou de ne pas croire à l’existence de forces ou énergies psychiques mais la constitution de la chaîne d’union reste un moment émouvant d’une tenue. Par sa formation, elle peut resserrer les FF.°. entre eux, elle peut aussi apaiser des tensions survenues durant la tenue, elle sert aussi à accueillir le F.°. nouvellement initié qui en gardera un souvenir majeur. Les mains nues nous renvoient à la situation première du profane innocent au sens réel du terme mais aussi à la réalité de l’absence d’armes dans ces mains comme l’indique bien la tradition de la poignée de main qui permettait de vérifier l’absence d’arme et donc les intentions pures, fraternelles.
La chaîne d’union a aussi un autre symbolisme pour moi : elle figure un cercle, celui des initiés qui se retrouvent autour d’un idéal commun « Elevant nos esprits vers l’idéal de notre Ordre » et renforcent leur conviction et leur volonté. La forme circulaire renvoie à la tradition des réunions autour du feu, celles de nos ancêtres mais aussi celles de la horde : Transmission orale des traditions, discussions stratégiques avant chasse et aussi plaisir de se retrouver ensemble, de partager pour souder un peu plus le groupe humain. Pour les anciens joueurs de rugby que compte l’atelier, le rituel d’avant match de former un cercle en se tenant par les épaules a aussi à voir avec la horde et la chaîne d’union.
Les paroles rituelles prononcées par le V.°. M.°. nous indiquent un sens symbolique fort de ce rituel « nous sommes rattachés à la lignée de nos ancêtres, nos Maîtres vénérés qui la formaient hier…). Cette chaîne que nous formons aujourd’hui est la perpétuation d’un geste ancien qui nous vient des fondements même de la F.°. M.°. et nous inscrit dans lune lignée, celle des F.°. M.°. de tous les pays et de tous les rites. C’est donc un véritable devoir de mémoire que nous accomplissons en constituant de
nos mains nues les maillons de cette chaîne. Accomplir les mêmes gestes nous place sur le même chemin, dans le même état d’esprit que ceux qui les ont faits avant nous. Il y a une mémoire immatérielle et instinctuelle du geste qui renvoie à la signification, l’intention première de ce même geste. L’apprenti retrouve peu à peu dans l’utilisation de l’outil le savoir faire du Maître et accède ainsi au plaisir du travail bien fait. C’est un peu ce que je ressens dans la chaîne d’union : retrouver les rituels anciens et retrouver les sentiments qui habitaient nos prédécesseurs en particulier ce qui est le symbole majeur de la chaîne d’union ; la fraternité.
Dans l’idée, le mot de chaîne, il y a aussi la notion de transmission. Ne sert-elle pas à la transmission des mots de semestre qui nous permettent de visiter les autres L.°. ? Cela nous permet aussi de nous reconnaître entre nous et de créer ainsi des liens nouveaux avec des F.°. jusque-là inconnus. Le parallèle avec Internet peut se situer ici dans la création d’une transmission d’informations, de connaissances réservées aux initiés qu’ils soient F.°. M.°. ou internautes.
Au moment où j’écris cette planche, le signal m’avertissant d’un courrier électronique clignote et la lecture de ce courrier m’attriste profondément. Un maillon de notre chaîne vient de disparaître : nôtre B.°. A.°. F.°., H.°. F.°. est passé à l’Orient éternel. Pour autant, la chaîne ne sera pas rompue, elle se resserrera un peu en attendant qu’un nouveau maillon prenne place. Il ne remplacera pas, il viendra s’ajouter simplement pour être un F.°. comme nous, comme H.°.ce que je lui souhaite. La chaîne reliant les F.°. M.°. ne se disloque pas, elle perdure au-delà du temps, elle transmet hors du temps biologique ses idéaux de Fraternité, d’Humanité, d’Amour.
Vous m’autoriserez, mes FF.°., à lui dédier cette planche.
